Article de Jacques Cardinal

Louis dit Loulou

 

J’ai appelé mon petit chat « Louis », ce qui permet au petit nombre de ses intimes de l’appeler Loulou ! Ce petit être d’une intelligence aiguë, aussi indépendant qu’affectueux me pardonne gentiment mes bévues et accepte mes compliments et caresses sans perdre son amour de la liberté et sa fierté évidente et revendiquée de félin. 

Son pas naturellement désinvolte et fier m’a inspiré l’analogie avec nos anciens rois et naturellement avec le quatorzième du nom dit le « roi Soleil ». J’ai bien noté du reste qu’un Cardinal aida son père à établir son autorité et qu’un autre Cardinal l’assista pour soumettre la noblesse alors en « Fronde » !

Petit chat Loulou n’a pas que des qualités et ses exigences royales se manifestent selon son bon-vouloir, il veut être le Soleil de sa maison et exige une disponibilité à nulle autre pareille (« Nec pluribus impar ») au besoin en exerçant une pression physique impressionnante.

Le roi imposait une obéissance formelle, régentait par lettre de cachet et D’Artagnan faisait exécuter la volonté royale au besoin en étant le geôlier d’un Fouquet tombé en disgrâce (à ce moment opinent les historiens et les lecteurs d’A. Dumas…). Dans ces années de crépuscule royal, le traité de Fontainebleau vint même annuler l’Edit de Nantes, transformant la « douce France » en théocratie absolutiste. 

Un homme se leva pour protester contre cet absolutisme, tel un Navalny du XVIIIème siècle, un homme qui considérait que la liberté d’opinion était indissociable de la liberté d’expression et que si la Censure était le seul outil capable de les séparer, elle était un incroyable aveu de faiblesse pour le Pouvoir (le Roi) car c’était reconnaitre que son Autorité ne pouvait perdurer que par l’entrave à la liberté d’expression de ses adversaires sous la forme de répression publique et contrainte physique !

Voltaire, car il s’agissait bien de François-Marie Arouet, s’est battu toute sa vie contre le fanatisme religieux et pour la liberté d’opinion. Intervenant après la mort sur le bûcher de Jean Callas, un protestant soupçonné de crimes religieux, il aurait déclaré « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je suis prêt à me battre jusqu’à la mort pour que vous puissiez le dire ! » (citation apocryphe).

Ses combats incessants que nous incluons dans ce qui est appelée la Philosophie des lumières influencèrent notamment la rédaction de l’Article XI de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen d’août 1789 :

« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ». 

Ce petit plaidoyer sur la liberté d’expression n’est pas un rappel éthéré destiné à un monde de bisounours mais l’affirmation d’un plaisir, celui de continuer à présenter les activités de notre Association avec le respect et la tendresse que j’éprouve pour l’ensemble de cette communauté et avec une plume qui, si elle chatouille, ne peut par nature, mordre.

Je terminerai en citant un grand Philosophe qui m’est très cher, Guy Bedos : « La liberté ne s’use que si l’on ne s’en sert pas », tout en reconnaissant que l’on pourrait dire la même chose de l’Egalité et de la Fraternité, mais aussi de l’Amour, de l’Intelligence et de l’Empathie …